BONUS #3

*Mise à jour image 31/10/2013*

Bonsoir tout le monde, pour ce  Bonus#3 en attendant toujours le 8ème chapitre de Crossroads, je vous propose de découvrir l'OS que j'ai écrite en Hors Compétition (du fait de sa longueur) pour le concours organisé par AS pour cette occasion. J'espère qu'elle vous plaira et vous permettra de patienter encore un peu ^.^" Merci à vous! Et passez un Joyeux Halloween!!


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Sa chevelure corail tourbillonnait autour de son crâne comme des milliers de serpents sur la tête d’une Méduse en furie. Il n’osait pas affronter son regard car au moindre coup d’œil, ses pupilles rouges cerclées de noir le transperçaient et le faisaient se sentir plus faible encore qu’il ne l’était déjà. Sa cape d’ordinaire noire prenait peu à peu une teinte violacée pour se changer en un ciel perlé d’étoiles, de constellations et de galaxies. Ce voile en constant mouvement accroché à ses fines épaules l’oppressait malgré l’espace infini qu’il suggérait, au point qu’il se sente suffoquer et incapable de bouger. Recroquevillé sur lui-même, nu comme un ver, il tentait tant bien que mal de se boucher les oreilles pour ne plus entendre sa voix. Mais rien n’y faisait, elle résonnait dans cette pièce profonde et sombre.
Les bras ouverts sur son bustier, ses pieds ne touchant plus le sol et fusillant le pauvre homme de son regard furieux et inquisiteur, elle hurlait ces mots à en faire trembler les murs autour d’eux :
   - Si tu crois un seul instant que ce sera si simple ! Si tu penses une seconde que tout ce que tu as fait sera balayé en un souffle, oublié, pardonné ! Tu ne vivras plus jamais comme avant ! Tu ne pourras jamais revenir en arrière ! Tu m’entends Nathaniel ?! PLUS JAMAIS !!!
Sur ces mots, une horde de chauve-souris jusqu’alors factices se décollèrent du bustier de la femme et, suivant le signe du doigt qu’elle leur intimait, se jetèrent sur l’homme au sol qui se débattait en hurlant sous les morsures des petites créatures. Dégoulinant de sang, l’homme se teint fermement les cheveux et hurla de toutes ses forces.

Je me levais en sursaut, le front en sueur et à bout de souffle. Je posais d’abord ma main sur ma poitrine pour sentir mon cœur cogner puis m’essuyais le visage avec la manche de ma chemise. En tournant la tête vers la fenêtre, je remarquais qu’on était au milieu de la nuit. Des lueurs orangées émanaient de la rue ainsi que des rires d’enfants et des conversations. Ma montre indiquait 23h35, le 31 Octobre 2012.
   - Halloween… Murmurais-je.
Je me levais du lit et sortis de ma chambre par la porte entrouverte. Je toquais à la porte voisine, sans réponse. Ambre devait être sortie depuis longtemps avec ses copines pour fêter la fameuse Fête des Morts. Je descendais les escaliers et, passant devant le salon, je devinais la forme de ma mère allongée sur le canapé sous la lumière ténue de la télévision :
   - Je sors ! Criais-je assez fort.
Aucune réponse de sa part, aucun mouvement indiquant qu’elle m’ait entendu. Je haussais les épaules et passais la porte d’entrée que je claquais derrière moi. En descendant les quelques marches qui me séparaient de la rue, je pris la direction d’une plage où je pouvais être tranquille et croisais des enfants de tous âges déguisés en fantôme, princesse ou animal certains en petits groupes, d’autres accompagnés d’adultes eux aussi déguisés. Les mains dans les poches, je poursuivais ma route, amusé par ce défilé de petits monstres, des sucreries plein les poches.
A l’entrée du chemin menant à la petite plage, je constatais la présence d’une personne qui, appuyée sur ce qui semblait être un sceptre lumineux, attendait quelque chose… ou quelqu’un ? Son chapeau pointu me laissait deviner facilement son déguisement. Je passais devant elle et son sourire s’étira dans l’ombre du soir, éclairé par la sphère lumineuse qui ornait son bâton :
   - Je te souhaite de passer une bonne soirée, Nathaniel.
En entendant mon prénom, je fis demi-tour pour voir cette femme élancée partir, ses cheveux longs et sa cape se balançant au rythme de ses pas, son sceptre et ses talons claquant sur le bitume. Je la regardais ainsi s’éloigner, avec cette étrange impression de l’avoir déjà vu et un mal de tête me frappa soudainement. Je descendis la petite dune et finis par m’assoir sur le sable humide, ma tête posée sur mes genoux. Ma montre sonna alors minuit. 
   - Hey.
Je basculais la tête en direction de celui qui me hélait et fronçais les sourcils :
   - Super… Qu’est-c’que tu veux Castiel ?
Sa voix était atténuée par le foulard qu’il portait autour de la bouche : 
   - Je suis pas seul.
Je constatais en effet que derrière lui se tenaient deux autres personnes. Lysandre me regardait, les bras croisés sur sa poitrine ; et Violette, elle, regardait ses pieds, silencieuse. Je vis l’écharpe grise qu’elle portait autour du cou voler au gré de la bise marine. Je frottais mon front douloureux et ajoutais, sarcastique :
   - Oh, excuse-moi de n’en avoir rien à foutre… Allez, foutez-moi la paix.
   - Ça fait un moment qu’on te cherche mais tu aimes te planquer chez maman pas vrai ? demanda Castiel.
   - Je suis en fait surpris que tu aies le cran de montrer ton visage ici, ajouta Lysandre. Tu devrais peut-être porter un masque. 
   - Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, je ne fête pas Halloween là.
   - Mais c’est différent cette année… murmura Violette
Leur ton commençait à me taper sur les nerfs :
   - Qu’est-c’que vous voulez.
   - ...Une réponse, lâcha Lysandre après quelques secondes.
   - Commencez par poser une question, répondis-je en les regardant alternativement.
Ils se tinrent silencieux et tout trois posèrent leur regard sur moi.
   - Allô ?! fis-je, agacé.
Castiel, les sourcils froncés, sortit ses poings des poches de sa veste. Le cuir de celle-ci grinça quand il rangea ses mains dans les poches arrières de son jean. Je détestais ce bruit. Je me relevais, furieux face à leur mutisme :
   - Vous m’faites chier, Ok ? Allez emmerder quelqu’un d’autre.
Je commençais à partir quand j’entendis le sable crisser derrière moi. A l’évidence, ils me suivaient. J’accélérais le pas et tombais nez à nez avec Ambre et ses deux copines qui rigolaient bruyamment en marchant vers la plage. A ma vue, Ambre s’arrêta nette et me regarda, pétrifiée :
   - Qu… Qu’est-c’que tu fais là ?! Bégaya-t-elle.
   - Je ne dirais pas aux parents que t’es encore dehors à traîner. Je rentre directement à la maison.
Mais elle ne bougea pas d’un pouce pour autant et resta plantée bouche-bée au milieu du sentier :
   - Ambre… Pousse-toi.
   - Tu… Tu ne devrais pas être là… Tu ne… Tu n’as rien à faire là !!
Sa voix commençait à monter et Lee, apparemment décontenancée devant la réaction de son amie, la prit par le bras et demanda :
   - Ça va Ambre ?
Ses yeux s’écarquillèrent et des larmes dégoulinèrent sur ses mâchoires crispées :
   - VA-T’EN !!! TU NE DEVRAIS PAS ÊTRE LA !! VA-T’EN !! BARRE-TOI !!!!
Elle tomba à genoux et continua à pousser des cris hystériques sous le regard horrifié de Lee et Charlotte. L’une essayait de calmer ma sœur tandis que l’autre regardait dans ma direction, les yeux vides. Pour une raison que j’ignorais, mes jambes accélérèrent et je m’enfuis, paniqué par la situation. Quand je ralentis enfin, mon quartier était plongé dans une obscurité lugubre que seules éclairaient les citrouilles sur les paliers des maisons.
Quelque chose vînt paradoxalement amplifier la migraine que je traînais depuis la plage… Et ce fut le silence. Plus de rires enfantins, de cris amusés, de « Trick or Treat ». J’étais seul dans la rue déserte. J’avançais à pas rapides vers mon perron quand petit à petit apparue la silhouette de cette femme dont le visage était éclairé par son sceptre. Elle était là, plantée au milieu de la rue… à m’attendre, un immense sourire sur les lèvres. Je fis un pas supplémentaire… et elle bascula soudain son corps en arrière en poussant un rire mêlé d’un cri. J’attrapais mes cheveux et mes tempes quand la douleur se propagea. J’étais comme pris dans étau si bien que j’en posais un genou à terre. Les dents serrées, je relevais tant bien que mal la tête pour la voir lentement se redresser, lâcher son sceptre et ouvrir les bras. Je suivais sa chute au ralenti et quand il percuta le sol, il produisit le son d’une immense vitre qui se brise en un millier de morceaux. Une bourrasque de vent d’une violence inouïe souffla de derrière la  femme. Son rire fut emporté par la tempête… tout comme elle qui s’évapora en volutes de fumée d’un noir d’encre. De la fumée se détacha trois nouvelles silhouettes que je ne connaissais que trop bien. Castiel marchait en tête, son foulard toujours attaché sur sa bouche, suivit de près par Lysandre et Violette. A mesure qu’ils se rapprochaient, mon mal de tête s’amplifiait.
Castiel arriva à ma hauteur et me bouscula avec son pied alors que j’étais toujours au sol :
   - Relève-toi.
Sa voix était étouffée par le tissu et il semblait avoir du mal à articuler ses mots.
   - DEBOUT !! Hurla-t-il quand il vit que je ne bougeais pas.
Il m’attrapa violemment par les épaules pour me remettre sur mes jambes. Je le repoussais avec autant de violence et m’adressais à lui, fou de rage :
   - BORDEL ! Mais c’est quoi votre problème ?
Castiel semblait furieux, il soufflait bruyamment par ses narines et semblait sur le point d’exploser.
   - Tu crois en dieu ? chuchota Violette.
   - Quoi ?!
Sa question me décontenança, où voulait elle en venir ? Sa voix chuintait :
   - C’est ce  que tu m’as demandé… avant de me tirer une balle dans la gorge. Je t’ai dit oui… Ce n’était pas vrai mais j’ai dit oui. Et tu as… appuyé sur la gâchette.
Ma respiration s’accélérait et je tentais de regagner mon calme tant bien que mal :
   - C’est quoi ça ? Une espèce de farce d’Halloween que vous avez mise en place pour me foutre les jetons ? Si c’est le cas ça manque de maquillage, quant au jeu d’acteur j’ai vu mieux…
Violette baissa la tête et je la vis détacher son écharpe, découvrant une immense plaie au niveau de sa gorge. Béante. Je n’arrivais même pas à comprendre comment sa tête pouvait encore tenir sur ses épaules. Je n’eus pas le temps de réaliser que Castiel se saisit de moi à nouveau et me mit un coup de genou dans l’estomac. Je tombais au sol en toussant :
   - Y EN A MARRE DE TES CONNERIES NATH ! TU NOUS DOIS DES EXPLCATIONS !!!
   - Pourquoi vous me faites ça ?! Soufflais-je, endolori par le coup asséné. Qu’est-ce que vous…
Deuxième coup porté au visage cette fois. Et cette migraine qui ne partait pas.
    - Que tu ais eu des griefs contre Castiel à cause de votre passé commun aurait pu être une raison valable en ce qui le concerne, mais pour nous… Soupira Lysandre. Nous ne t’avions rien fait. Jamais. Tu étais au tableau d’honneur. Tu aurais pu être major de notre promotion… Tu aurais pu devenir quelqu’un… Tout ceci, gâché par ta bêtise et nous avec…
   - Et on veut savoir pourquoi, ajouta Violette. Tu nous dois bien ça.
   - PLUS QUE CA ! grogna Castiel.
   - Vous vous trompez de personne, d’accord ? répondis-je.
   - NON !!! cria Lysandre, hors de lui.
Il pointa son index vers moi et je pus voir que sa poitrine était ouverte sur un énorme trou, ses vêtements tâchés de sang et des morceaux de chair mélangés aux lambeaux de tissus :
   - Je t’interdis tu entends ?! Je t’interdis de jouer aux cons avec nous !!
Sa vulgarité soudaine me laissa coi. Je n’avais jamais vu Lysandre dans cet état.
   - Il est peut-être en état de dénégation, murmura Violette.
   - Ou alors c’est un gros psychotique qui n’assume pas ses actes !
Castiel qui faisait les cents pas autour de moi jusqu’alors me cracha cette phrase à la figure puis il m’attrapa par le col et colla son visage au mien avant de retirer son foulard. J’eus un haut le cœur. Sa mâchoire était en morceaux, ne tenant en place qu’avec de rares et trop fins ligaments. Du sang coulait régulièrement des différents trous sous son menton, ses joues. Il lui manquait de nombreuses dents, noyées dans une mare noirâtre de chair, d’os broyés et de caillot de sang. Un flash blanc illumina mes yeux et des images furtives apparurent : une bibliothèque, du sang, des cris, des coups de feu ; suivit encore et toujours d’un mal de crâne de plus en plus insoutenable. Je me défis de l’emprise de Castiel et me frappais les tempes violemment en hurlant :
   - SORTEZ !! SORTEZ DE MA TÊTE !!!
Mes yeux commencèrent à se remplir de larmes et quand je les entrouvris, je trouvais Violette devant moi :
   - On n’est pas dans ta tête. On est ici.
   - Et tu n’iras nulle part avant de nous avoir tout dit, ajouta Lysandre.
   - S’il te plaît, dit-elle. Dis-le. Dis ce que tu as fait. Dis ce que tu nous as fait…

     Quelqu’un frappa à la porte et sonna de multiples fois. Une femme s’approcha tranquillement en se  recoiffant de sa porte d’entrée pour ouvrir et c’est face à une personne inattendue qu’elle se trouva : 
   - Est-ce-que Nathaniel Venediktov vit ici ?demanda un policier en lui montrant sa plaque. Il était entouré d’une dizaine de personnes armées. 
   - Oui, c’est mon fils, répondit-elle, étonnée. 
    Des sirènes hurlaient dans la rue, le policier s’adressa à ses coéquipiers pour leur confirmer l’adresse et leur intima d’entrer. 
   - Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a fait ? bafouilla-t-elle, bousculée par les hommes qui montèrent à l’étage. 
Quand son fils entendit les pas précipités dans l’escalier et qui se dirigeaient vers sa chambre, le jeune homme sourit tristement en se remémorant sa journée.

Dans la petite  bibliothèque du Lycée Sweet Amoris se trouvaient ce jour-là, en dehors du gérant, quatre élèves chacun attelés à des occupations diverses et variées. Une jeune fille discrète piochait plusieurs livres sur Dali, Gauguin ou Van Gogh qu’elle feuillet  ait avec un léger sourire aux coins des lèvres; trois peintres qu’elle aimait particulièrement. Deux garçons étaient assis côte à côte à une table et cherchaient des idées de paroles de chansons dans des recueils de poèmes. Du moins l’un était plus appliqué que l’autre puisque le garçon aux cheveux rouges avait la tête posé sur ses bras et  piquait un petit somme pendant que celui aux yeux vairons retranscrivait ses idées dans un petit calepin. Enfin, une petite brunette discutait joyeusement avec le gérant de la bibliothèque sur ses dernières lectures qu’elle venait d’ailleurs lui rapporter.
La journée n’avait pas été bien différente des nombreuses précédentes. Pourtant le calme de cette pièce où le silence est de mise allait bientôt résonner d’un vacarme assourdissant. Et cela commença par un coup de feu dans un couloir de l’établissement. Toutes les personnes présentes dans la bibliothèque cessèrent leur activité et tournèrent la tête en direction du terrible bruit. Même le garçon aux cheveux rouges se réveilla :
-          C’était quoi ça ?
-          Je n’en suis pas sûr, répondit Lysandre, on aurait dit…
-          Un coup de feu, termina Violette.
Il y eut le bruit de nombreux pas précipités dans le couloir, des cris et de nouveaux, ce bruit sourd et puissant.
-          Mon dieu, murmura Melody en mettant sa main devant sa bouche.
Des pas lents et isolés résonnaient dans le couloir apparemment vide et se dirigeaient vers la porte de la  bibliothèque.
-          Il vient par ici ! Continua-t-elle, affolée.
Violette lâcha ses livres qui tombèrent par terre et s’accroupit pour se cacher derrière l’étagère la plus proche. A la demande du gérant qui courait pour bloquer l’entrée, Melody se cacha derrière le comptoir d’accueil et alors qu’il atteignait la porte et intimait aux deux garçons d’en faire autant, des coups de feu retentirent et le gérant s’écroula par terre, le corps criblé de deux énormes trous. Castiel et Lysandre demeurèrent pétrifiés debout devant leur table, les yeux rivés vers la poignée de la porte percée elle aussi de trous. Le sang du gérant s’étendait en une flaque abondante et les deux garçons déglutirent en voyant la porte s’ouvrir. Un garçon habillé d’un manteau noir et d’un débardeur de la même couleur venait de rentrer, un fusil posé nonchalamment sur son épaule. Il regarda le corps de l’homme qu’il venait d’abattre et le poussa du bout de sa rangers pour vérifier son état. Aucune réaction. Il sourit et releva son visage en un mouvement rapide pour enlever la  mèche de cheveux blond qui le lui cachait.
-          Nathaniel…
En entendant ce prénom, Melody et Violette eurent la même réaction, le souffle coupé et les yeux écarquillés de surprise et d’incompréhension. Il regarda Castiel et Lysandre et son sourire s’effaça, avant de pointer le canon de son fusil vers le garçon aux cheveux rouges qui leva immédiatement les mains en l’air :
-          Wow ! Du calme mec du calme !  
-          Nathaniel, baisse ton arme, demanda calmement Lysandre.
Il n’en fit rien et regarda dans la bibliothèque, à la recherche d’éventuelles autres personnes.
-          Castiel dans une bibliothèque en train d’étudier ? Je crois que c’est la meilleure…
Il regardait Castiel droit dans les yeux mais son regard était froid, vide. Les garçons remarquèrent que de petites gouttes de sang séché constellaient son visage pâle. Leurs respirations s’accéléraient, incapable de prédire les réactions de leur agresseur. Il prit de nouveau la parole :
-          Vous êtes seuls ?
Les deux amis se regardèrent et Castiel hocha la tête en signe d’affirmation. Nathaniel pencha la tête sur le côté en fronçant les sourcils, pointa son fusil vers le plafond et tira. Un morceau de placo tomba en morceaux du plafond. Violette poussa un petit cri aigu puis plaqua ses deux mains sur sa bouche. Melody, les dents serrées, les joues trempées de larmes, se bouchait les oreilles. Nathaniel secoua la tête :
-          Tu as menti, chantonna-t-il.
-          Attends ! Attends !! Nathaniel !!!
En une fraction de seconde, Nathaniel redirigea son fusil vers Castiel qui fut bousculé par Lysandre, et tira. Sous la violence du coup porté pratiquement à bout portant, Lysandre fut projeté un mètre plus loin et tomba lourdement sur le sol, inerte.
-          Merde, cracha Nathaniel, sans une once de compassion.
Il ouvrit son fusil et vida les deux  cartouches usagées qui émirent un bruit métallique en touchant le sol. Castiel regardait le corps de son meilleur ami se vider progressivement de son sang, le visage tournée vers le plafond, les yeux mis clos.
-          Lys… Lysandre…
Il ne laissa pas à Nathaniel le temps de recharger son arme et se jeta sur lui, fou de rage :
-          Enfoiré !!!!!
Le fusil glissa sur le sol et Castiel roua de coups Nathaniel qui ne se défendit pas. Il continuait de l’insulter en lui assénant des coups de poings d’une rare violence et commençait à sérieusement amocher le visage angélique de son ancien délégué. Mais avec calme, Nathaniel s’empara du Colt qu’il avait à sa ceinture et posa le canon sous le menton de Castiel. Il le vit immédiatement arrêter son assaut au contact froid de l’arme sur  sa peau. Satisfait, Nathaniel sourit et pressa la détente.
Il repoussa sans ménagement le corps de Castiel qui s’était effondré sur lui une fois sa mâchoire et son crâne perforés. Il se releva et s’essuya le front du revers de la main qui tenait toujours son arme. Il marcha vers le fond de la bibliothèque en enjambant les corps de ses deux nouvelles victimes, passa devant le comptoir d’accueil et tourna vers le rayon « Art ». Au fond, prostrée dans l’obscurité, se tenait Violette qui tremblait de tous ces membres. Il avança et s’arrêta devant elle :
-          Par pitié… murmura-t-elle entre deux sanglots.
Nathaniel remarqua le collier de sa camarade. Un ras de cou avec en pendentif une petite croix en étain. Accroupit à son niveau, il souleva le pendentif à l’aide du canon de son colt et s’adressa à elle qui sursauta en entendant sa voix :
-          Tu crois en Dieu ?
Violette était prise de soubresauts et devant la question ne savait que répondre, elle lâcha finalement en le regardant :
-          … Oui…? 
Il sourit et caressa sa joue. Elle eut un frisson d’espoir avant d’entendre le coup partir. Elle porta sa main à sa gorge qui se trouvait tout bonnement trouée de  part en part et suffoqua, pendant de longues minutes, sa respiration entrecoupée de gargouillis puis elle finit par s’écrouler lentement sur le sol. Nathaniel se releva et se dirigeait vers la sortie quand il entendit des sanglots venant de derrière le comptoir. Il le contourna et trouva Melody. Apeurée, elle leva ses yeux embués vers l’homme qui venait d’abattre trois de ses camarades et qui s’apprêtait à lui réserver le même sort :
-          Nath… Je… Je ne… Pitié… Tu…
Elle bafouillait, perdait ses moyens, tremblait de tous ces membres sous le regard pesant et hautain de son agresseur qui perdait patience. Il leva lentement son arme qu’il colla sur le front de Melody. Elle eut un hoquet à son contact :
-          Parle, cracha-t-il, froid comme la glace.
Mais cela lui était quasiment impossible. Elle n’arrivait pas à reprendre son souffle et puisque sa vie était en jeu, elle tenta le tout pour le tout :
-          J’t’en prie… Ne fais… Pas ça… Je… Je… Je t’…
-          PAAAAAAARLE !!!! hurla-t-il en enlevant le cran de sécurité de son revolver.
Elle leva inconsciemment les mains devant son visage et pleura simplement ces derniers mots :
-          … Je t’aime…
Elle ne prit plus la peine de quémander la grâce de son oppresseur. Elle n’y croyait plus et son corps lâcha, elle continua de sangloter et à sa grande surprise, Nathaniel ne pressa pas la détente et repoussa juste le front de Melody avec son arme avant de s’éloigner. Melody ne put se retenir ; Nathaniel se retourna une dernière fois et vit la flaque ocre s’écouler sous les talons de sa victime. Il lui souffla avec une mine dédaigneuse un  « tu me dégoutes » avant de quitter la pièce.

Sa mère hurlait sans  comprendre la situation :
-          Je vous en prie ne lui faites pas de mal ! Laissez-moi lui parler ! Nathaniel !!!
Les cris et les bruits de pas avaient alertés sa sœur qui était restée à la maison à cause d’un mauvais rhume. Elle sortit de sa chambre et croisa plusieurs policiers armés avant de voir sa mère les poursuivre, affolée :
-          Maman ?
Elle la suivit jusqu’à la chambre de son frère.
-          Nathaniel !!! Je vous en prie, ce n’est qu’un enfant ! Il vous suivra sans faire d’histoires ! Laissez-moi lui parler ! NON !!
Quand les policiers firent irruption dans sa chambre en le braquant, Nathaniel réajustait sa cravate bleue ciel. Il vit sa sœur et sa mère se frayer un chemin devant le rempart d’hommes.
-          Ne  lui faites pas de mal !! tremblait-elle en serrant sa fille dans ces bras.
Sa fille qui ne comprenait pas ce qu’il se passait et qui observait son frère si calme face à un tel chaos. Le chef de Police s’adressa au garçon toujours assis sur son lit :
-          Nathaniel, nous avons reçu un appel de la part d’une jeune fille qui nous a dit ce que tu as fait.
Nathaniel ne répondit rien et Ambre, bien que craignant la réponse, ne put s’empêcher de demander :
-         Qu’est-c’que tu as fait… ?
-      Et bien… Votre frère aurait ouvert le feu dans votre lycée et aurait blessé plusieurs personnes grièvement avant de tuer trois de vos camarades.
Ambre était sous le choc tout comme sa mère qui ne le lâchait plus des yeux. Elle se risqua quand même à demander :
-          … Qui ?
Il y eu une courte pause durant laquelle le chef regarda plusieurs de ses coéquipiers :
-          Une jeune fille prénommée Violette et deux garçons, Lysandre et Castiel…
Ambre eut un tic nerveux au visage quand elle entendit le dernier prénom. Elle commença à respirer de plus en plus fort et son visage trembla sous la vague de chagrin qui venait de l’assaillir. Elle poussa alors violemment les policiers qui lui barraient la route et se jeta sur son frère en lui assénant une gifle retentissante. Deux hommes vinrent l’arracher à son frère qu’elle rouait de coups en hurlant combien elle le détestait, en demandant comment il avait pu faire une chose pareille et en l’insultant de tous les noms qu’elle connaissait. Les policiers l’emmenèrent dans sa chambre où elle ne cessa pas ses injures. Sa mère, elle, restait  muette face à ce qu’elle venait d’entendre :
-          Nathaniel, fit le chef de police, je vais te demander de te lever calmement.
Ce qu’il fit en levant les mains devant lui. Sa mère était tétanisée et les sirènes continuaient de hurler dans la rue. Nathaniel leva une de ses mains au niveau de sa tempe et murmura un « boum » en mimant un pistolet avec ses doigts. Son geste lent et mesuré fit quand même frémir les policiers qui l’avaient toujours en joue. Plusieurs secondes interminables s’écoulèrent durant lesquelles personnes ne bougea d’un millimètre. Une larme monta à l’œil de Nathaniel qui précipita sa main sous son oreiller et en sortit une arme qu’il voulut pointer vers les policiers. Trop tard. Les coups partirent sans interruption sous les cris horrifiés de sa mère qui fut prise d’un malaise. Nathaniel tomba en arrière sur son lit puis s’écroula sur le sol. La dernière  chose qu’il vit fut le chef de Police courir vers lui et lui demander « Pourquoi tu as fait ça ?! ». Puis il rendit son dernier souffle.


En tête de cortège marchait élégamment la femme aux cheveux corail. Elle était suivie de nombreuses personnes qui venaient d’un peu partout : certaines sortaient de maisons, d’autres venaient du bois adjacent, d’autres encore de la plage ou simplement de la ville. J'étais au milieu de la rue où circulaient tous ces inconnus qui me dépassaient sans me prêter aucune attention. Castiel, Violette et Lysandre me regardaient reprendre mon souffle. J'avais les yeux écarquillés, rouges et fatigués mais mon mal de tête était enfin parti et avec lui les questions qui restaient sans réponse. Je portais un dernier regard gêné sur eux et finis par lâcher :
   - Je suis désolé…
Lysandre ferma les yeux, Violette expira longuement tandis que Castiel leva les yeux au ciel. Il semblait cependant, tout comme Lysandre, soulagé. Tout trois firent demi-tour pour rejoindre la marche. Je les observais s’éloigner et compris finalement leur destination.
   - Allez petit, mets-toi en route.
Je sentis une tape chaleureuse sur mon épaule accompagnée d’effluves d’alcool. Me retournant, je découvris un homme négligé portant un vieux chapeau déformé qui tenait dans sa main un navet creusé contenant un tison hardent. Il portait une barbe grisonnante avec quelques mèches rousses. Il avait un sourire doux ; son visage marqué de rides et son sourire édenté n’enlevait en rien à cette impression de  gentillesse.
   - Tu vas nous mettre en retard.
Je me laissai entraîner par l’homme qui me guidait dans l’obscurité avec sa torche improvisée et me retrouvais à suivre le cortège sans vraiment m’en rendre compte, persuadé que de toute façon, je n'avais plus rien à faire ici. C’était fini. Emboitant le pas de mon guide, je demandais:
   - Vous faites ça depuis longtemps ?
   - Chaque année à la même date depuis oh… Je ne saurai même plus te dire. C’est ma punition pour m’être joué du Grand Méchant, répondit-il en riant. Hahaha, rien que d’y penser, c’est vrai que j’avais fait fort à l’époque. Mais bon, on s’y fait. Il faut bien que quelqu’un éclaire les pauvres gens perdus comme toi ou tes amis.
   - Je ne pense pas qu’ils me considèrent encore comme leur ami… L’ont-ils fait une seule fois…
L’homme haussa les épaules :
   - Bwarf, maintenant qu’ils ont eu ce qu’ils voulaient, ils finiront par te pardonner. Vous allez être amené à vous côtoyer pour un bon moment de toute façon. Hahaha !
Il riait en m'expliquant cela, sûrement que je n’étais pas le premier qu’il devait avoir été amené à rassurer. La petite braise qui ornait son navet brillait et ne faiblissait jamais. Petit à petit, les silhouettes du défilé disparaissaient devant moi et je sentis que mon heure arrivait aussi. L’homme s’arrêta et tendit la main :
   - Ravi de t’avoir escorté petit ! Tu verras, ce sera plus simple pour tout le monde à partir de maintenant.
Je jetais un oeil à ma maison et mon quartier puis m'adressais à mon accompagnateur :
   - Vous ne venez pas ?
   - Hohoho non ! Je n’ai pas ma place où tu vas petit, et puis l’an prochain il y aura encore d’autres personnes à guider dans cette obscure nuit d’Halloween.
Je lui serrai la main :
   - Je ne connais pas votre nom.
   - Appelle-moi Jack et ça ira. De toute façon, je ne pense pas qu’on se recroisera.

Je lâchais la main de l’homme qui me sourit derrière sa barbe et me retournai. Je pris une grande inspiration et me mêlais à la vapeur noire qu’avait créé la femme en tête jusqu’à ce que je disparaisse, enivré par l’odeur d’alcool que Jack avait laissé derrière lui en partant. La dernière chose que je vis fut la lueur de son tison qui s’éloignait dans la direction opposée. La dernière chose que j'entendis fut ma propre respiration apaisée, perdue dans le néant.

4 commentaires:

  1. haaa! Comme je le disais je revois trop la scène d'Amercian Horror Story mais fait à ta sauce et tout c'est justé génialissime !

    J'adore le fait que tu ais pris Nathaniel comme protagoniste. C'est tellement pas ce qu'on attend de lui ! :p

    C'est parfait !:)

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  2. Wahou il est juste génial !
    désolée du retard ^^'

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  3. C'est génial ! On est aspiré par l'histoire c'est incroyable ! J'adore vraiment !

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    1. Yeaaaaaaah contente que ça t'ait plu et que tu ais pris la peine de lire cet interminable OS xD

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