CHAPTER 1:

   "- Étant donné les évènements récents qui vous ont frappés, votre récente majorité ainsi que les progrès quant à votre intégration en société, nous sommes enclin aujourd'hui à vous accorder votre demande d'émancipation...


Du temps perdu, tout ceci n'est que pure perte de temps. Qu'est-ce que je fous encore là.

   - ... cependant, vu votre lourd passé, sachez qu'à la moindre incartade de votre part et vous retrouverez votre statut de pupille de l’État, vous serez à nouveau sous tutelle et nous saisirons tous vos biens.

Tout ça pour en arriver là. Leurs belles paroles ne sont que du vent et je vois dans ses yeux que c'est une sorte de victoire pour lui. De me tenir encore enchaînée quelque peu, que je ne mérite pas d'être libre et qu'il attend avec impatience le faux pas de ma part. Je dois rester calme.

   - Bon, concernant les biens qui vous reviennent désormais de droits: 
                              * 30 000€ d'économies transférés ce matin même sur votre compte bancaire.

Une bagatelle à côté de ce qui lui revenait de droit. Elle avait trimé toute sa vie pour que des salauds tirent avantage de ses faiblesses. J'avais contribué à économiser ce "petit" montant mais cet argent aurait toujours un goût amer.

                              * La maison située au 18 de la Rue Mozart, en l'état.

Sur ce coup-là j'ai du boulot qui m'attend. Ranger... ce foutoir que je repousse jusqu'à la dernière minute depuis la nuit tragique de Son "départ". Nettoyer ce merdier.

                              * Ainsi que le véhicule immatriculé 18 CNA 33,
que vous serez autorisée à utiliser une fois votre permis de conduire obtenu bien entendu.

Son Monstre, celui qu'Elle m'avait promis de me donner à l'obtention de mon permis et qu'Elle m'avait appris à conduire. Je pense que mon interlocuteur en avalerait sa cravate s'il savait que depuis deux ans j'avais déjà conduit cette bécane sur des centaines de kilomètres.
   - Bien. Avez-vous quelque chose à ajouter Mademoiselle Redfield?
   - ... J'peux y aller?
   - Hé bien ma foi, oui. Je n'ai rien à ajouter pour ma part. Voici votre justificatif d'absence pour la matinée. Vous le remettrez à la directrice de votre nouvel établissement scolaire dès cet après-midi. On vous y attend, annoncez-vous simplement à l'entrée.
Je pris le papier qu'il me tendait par-dessus son bureau sans grande conviction et l'inspectais rapidement. Je lu l'entête:
   - Lycée Sweet Amoris?! Vous êtes sérieux?!!
   - A quel propos?
   - Laissez tomber... Je me demandais juste quel était l'idiot qui avait pu baptiser un lycée d'un nom aussi débile.
Je le vis rester sans voix avec sa mine déconfite, et avant qu'il n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche, je me levais de mon siège sur lequel j'étais affalée depuis une bonne demi-heure, empoignais mon sac en bandoulière dans le lequel je fourrais mon justificatif entre une trousse et un calepin.
   - Je sais que cela ne vous ravie pas de reprendre votre scolarité, mais c'est ce qui était précisé dans son testament, et c'est une condition "non négociable", selon ses propres mots.
 Ses propres mots. Son testament. C'était encore assez difficile à avaler aussi je coupais court à cette entrevue qui avait durée bien assez longtemps.
   - Bon, vous n'avez plus besoin de moi... Fis-je.
L'homme derrière son bureau acquiesça et me tendit la main qu'il s'attendait à me voir serrer. Voilà le genre de truc typique qui m'a valu mon statut de "cas clinique d'asociale". J'ai regardé sa main, levé la tête vers lui et ai planté mes yeux dans les siens pour qu'il y lise mon dédain. Je tournais les talons et quittais la pièce sans fermer la porte derrière moi. 
En passant dans le hall menant vers la sortie, le bruit de mes chaînes alerta la secrétaire qui me suivit du regard comme elle l'avait fait à mon arrivée. Je continuais mon chemin tout en sortant ma main gauche de ma poche et en lui décochant un majeur levé bien haut à son attention. Nul doute qu'elle m'adressa  un juron quand je franchis la porte.
Octobre ne dérogeait pas à sa réputation. Le temps était gris, froid, humide et les feuilles des arbres tombaient petit à petit, embourbant les caniveaux de la ville. Je crachais un nuage de buée tout en fouillant mon sac duquel j'en sortis un paquet de cigarettes bleu roi. Les Siennes. J'en tirais une que je portais à mes lèvres, mis en marche mon briquet, tirais longuement sur la "tige" et soufflais lentement la fumée. Au goût âpre qui envahit soudain ma bouche et ma gorge, je souris en me rappelant pourquoi et combien je les trouvais dégueulasses. 
Une fine bruine tombait du ciel. Je me saisis de ma capuche, l'enfilais et refermais mon perfecto puis je pris la direction de mon nouveau lycée.
   - Hahaha. Putain, fait chier...
L'idée de me retrouver entourée de gens 5 jours sur 7, d'avoir à écouter et à supporter les conneries des profs et des élèves, faire des EFFORTS pour m'intégrer sans quoi, je retournerai à la case départ.
   - ... Mais j'en ai jamais eu envie, ce n’est pas aujourd'hui que ça va changer.
Je terminais ma cigarette et en écrasais rageusement le mégot sur l'asphalte.
   - Fait chier! Fait chier! Fait chier!!!
Je sentais que mes pas s'accéléraient, mes muscles se contractaient et je bousculais les passants sans ménagement sur mon chemin.
   - HEY! Excusez-vous nan?! cria une femme à mon attention.
   - Va t'faire voir, marmonnais-je en poursuivant ma route.
Au fur et à mesure que j'avançais, les maisons cédèrent la place à un grand espace vert et arboré duquel se dégageait un énorme bâtiment bleu azur vitré, entouré d'un grillage. Je ralentis l'allure et me plantais devant le portail fermé. L'interphone possédait un petit écran apparemment éteint ainsi qu'un haut-parleur. Au-dessus de l'unique bouton, une petite diode rouge clignotait. Je soupirais et me résignais à appuyer dessus.
J'attendis quelques secondes durant lesquelles j'observais la cour vide de tout élève. Sur un des versant du bâtiment était accroché une immense pancarte sur laquelle on pouvait lire: 

" LYCÉE MIXTE SWEET AMORIS"

   - C'est toujours mieux qu'un lycée entièrement rempli de gonzesses, me suis-je dite.
Le haut-parleur se mit à grésiller et une voix en sortie:
   - ... Oui?
   - ... Je suis Cyrielle Redfield. J'ai rendez-vous avec votre directrice.
Il y eu un court moment d'attente puis à nouveau:
   - ... Très bien, je vous ouvre.
Le portail émit un "clic" et la porte s'entrouvrit. Encore une fois, je ne pus m'empêcher de soupirer et fis un premier pas vers l'établissement. En levant la tête j'aperçus une caméra de surveillance dirigée vers le portail; au fond, un second bâtiment que je devinais être le gymnase de l'école. Plusieurs bancs étaient éparpillés pour la plupart sous de grands arbres divers et variés, et la pelouse était d'un vert parfait.
   - Tellement parfait qu'on dirait qu'elle est fausse, pensais-je. On est loin de l'état du jardin de la maison.
Sur la gauche, je vis une petite serre en verre devant laquelle poussaient des parterres de fleurs multicolores. Les vitres parvenaient à capter le peu de rayons que le soleil daignait bien envoyer derrière la couverture de nuages gris. Soudain, une volute de fumée s'échappa de derrière la serre. Je crus que mes yeux me jouaient un tour à cause de la fine pluie qui tombait devant moi mais à nouveau, un nuage de fumée se détacha du toit de la cage en verre. Je me rapprochais de la serre, intriguée par ce phénomène puis commençais à la contourner.
Je vis alors un garçon adossé à celle-ci, le visage perlé de pluie tourné vers le ciel, les yeux fermés, portant nonchalamment sa cigarette à sa bouche. Je pensais avoir été discrète en m'approchant mais quelques secondes après m'être arrêtée, il pencha son visage vers moi et entrouvrit ses yeux qu'il planta dans les miens.
Je n'avais encore jamais vu ce garçon.
   - Avec des cheveux aussi rouges, tu parles que je m'en serai souvenu, pensais-je.
Pourtant quelque chose me troubla Il me fixait tout comme je le faisais mais ses pupilles me transperçaient. C'était comme si son regard s'était infiltré dans mon corps et courrait dans mes veines, me scannant de l'intérieur et dénichant tous mes secrets et mes faiblesses. Cet homme que je n'avais jamais vu de ma vie me connaissait. J'en étais certaine et sans m'en rendre compte, je fronçais les sourcils. Mon cœur cognait dans ma poitrine, boosté par une vague d'adrénaline. Je serrais les poings car j'avais à ce moment-là la certitude qu'il était dangereux. Pour moi.
Il reprit une bouffée de nicotine et la souffla cette fois dans ma direction, un très léger sourire, presque invisible, sur son visage. Les mots qui suivirent sortirent tout seul de ma bouche, agressifs:
   - Qui...es-tu?!

   - CYRIELLE??
Je sursautais et me tournais dans la direction de la voix masculine qui me hélait. Un garçon blond en chemise blanche s'approchait de moi à vive allure, une pochette plastique tenue au-dessus de sa tête pour se protéger de la pluie.
   - Cyrielle Redfield?
   - Oui c'est moi, répondis-je.
   - Je te cherchais. Je suis Nathaniel, le délégué principal de cette école. La directrice m’envoie te chercher, elle t’attend dans son bureau.
   - ... Ah.
   - Pas très bavarde hein? S’amusa-t-il. Ça ne fait rien, suis moi, je vais te guider.
Il commença à s'éloigner à grandes enjambées vers le préau à l'abri, s'attendant à ce que je le suive mais je m'étais retournée vers la serre pour finir ma "conversation" et... Lui... avait disparu. Seul restait dans une flaque d'eau son mégot encore rougeoyant.
   - Cyrielle? rappela Nathaniel.
   - ... Ouais... J'arrive.

14 commentaires:

  1. hiiii !

    C'est superbement bien écrit... Je n'ai pas le courage de faire tant de description... faut que j'me force ! :p

    En tout cas, ça valait le coup d'attendre ! :D

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  2. merci ma belle! merci merci merci !

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  3. Hehe ! De rien ! Je le pense ! :)

    (ce qui me perturbe, par contre, c'est que toi, tu joues à Amour Sucré et que tu aime au point d'en faire une fanfic, j'aurais jamais cru :p )

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  4. Je sais pas pourquoi, mais ton perso me fais penser à Lisbeth dans Millénium...

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    1. Hey Sakuchy, hé bien tu as de bonnes références, disons que je suis inspirée de Lisbeth pour tout le côté juridique de son histoire.
      Je ne voulais pas que Cyrielle soit émancipée pour être émancipée aussi la contrainte de la tutelle derrière me plaisait bien aussi je l'ai appliqué à mon personnage =) Maintenant, vous saurez plus tard la raison de son placement sous tutelle à la base, ce ne sera pas le même que Lisbeth, la ressemblance s'arrête là :p merci de ta remarque en tout cas =D

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    2. Haha je me disais bien moi aussi ! (attention moi je n'ai VU que le 1er film sorti tout récemment)

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  5. Whoua... je ne sais pas quoi dire, mise à part que c'est franchement bien écrit bravo ^^. Tu sais nous faire ressentir chaque émotion, et tu nous liasse toujours dans le suspence avec cette femme morte... de plus, on ressent bien le côté "j'en foutiste" du personnage et l'apparition de Castiel semble être un rêve: il est là, elle se retourne, il disparait. On se doute bien qu'il va se passer quelque chose avec lui, maintenant reste à voir comment tu t'y prend mais vu comment ça commence, je ne doute pas que cette histoire va être géniale

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  6. Tu écrit vraiment bien ! ^^ et ( c'est toi qui dessine?) les dessin son vraiment super. J'aime beaucoup le caractère de Cyrielle . J'ai trouvé ton premier chapitre super . :)

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    1. Bonsoir Nalax! Je suis ravie d'entendre que le début de mon histoire te plaise et oui! comme expliqué dans l'INTRODUCING, je fais aussi tous les dessins de cette histoire ^^ J'espère que le reste de l'histoire te plaira tout autant!

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  7. Premier chapitre très mystérieux ! Je suis absolument accro >.< !!! Bon je me mets à la suite parce que là, ça urge !!! Merci pour ces bon moment et tes dessins sont toujours aussi excellent, tu as un vrai talent !! :)

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  8. J'adore ta façon d'écrire en plus Castiel <3 Je vais à la suite!!!

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  9. Aussi génial que le prologue ! J'adore, vraiment ! C'est super, je sais même plus ce que je raconte, c'est te dire T.T
    Je vais tout de suite lire la suite !
    Tes dessins apporte vraiment beaucoup a ta fiction, ils sont vraiment très bien fait !

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  10. maaaah lisbeth salander j'adore :)
    Bravo j'adore ton style, tu écris drôlement bien c'est super agréable de te lire !
    Félicitation je vais continuer de te suivre (et oui c'est une chance d'avoir une lectrice comme moi ahahahaha) !

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    1. Vraiment, lucky me alors haha! J'espère que mon histoire te plait si tu l'as lu en entier, si tu es encore en train de la découvrir, n'hésites pas à me dire ce que tu en auras pensé :)

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